Elles se rendent pas compte - Boris Vian
Elles se rendent pas compte de Boris Vian.
Le Livre de Poche, éditions Fayard, 1996
Publié à l'origine sous le pseudonyme de Vernon Sullivan
Quatrième de couverture : Que Gaya s'apprête à en épouser un autre, Francis, son ami d'enfance et amoureux d'occasion, aurait peut-être pu l'admettre à la rigueur. mais que le fiancé lui fournisse de la drogue, non !
Surtout qu'il appartient à une drôle de bande, ce fiancé. Et qu'en plus il n'aime pas les filles. Et là, ça devient carrément louche. parce qu'elle est d'une famille très riche, la petite Gaya. Alors il fonce, Francis. Beaucoup de bagarres, pas mal de sexe, quelques morts.
Il faut ce qu'il faut : sans ça, elles se rendent pas compte !
Un "Vernon Sullivan" percutant, qui classe sans conteste Boris Vian parmi les classiques du polar noir.
Mon avis : L'intrigue se déroule au sein d'une communauté homosexuelle, et le héros, ainsi que son frère, décident de se travestir en femmes pour enquêter... Cette histoire m'a un peu fait penser au film "Certains l'aiment chaud", (sauf que le langage est moins châtié) d'une part à cause des deux hommes déguisés en femmes et d'autre part parce que l'histoire de déroule aux Etats Unis, avec affrontements d'une bande de malfrats. Bien que le film de Billy Wilder soit postérieur de neuf ans à ce livre, je trouve qu'on y ressent un peu la même ambiance ... un certain machisme aussi, volontairement appuyé et tourné en dérision. Encore une fois dans ce roman les traits sont exagérés (ce n'est pas un roman homophobe) , tout est caricatural et l'auteur ne recule pas devant l'autodérision - du moins vis à vis de son personnage, car le roman est écrit à la 1ère personne du singulier. On sent derrière chaque phrase l'esprit facétieux de Boris Vian.
Le style est enlevé, drôle, endiablé, le rythme de même. Derrière ce ton désinvolte on trouve une réelle construction d'une intrigue policière. S'amuser et nous amuser semble être le but de l'auteur. En ce qui me concerne le but est atteint, j'ai beaucoup ri et j'avais hâte de savoir la suite, impatiente de découvrir ce qui allait advenir de notre héros et de son frère.
Extrait : Seulement, sur l'escalier, il y a un nouveau genre de malabar.
Un type horrible. il est roux, il a le crâne en pointe ; il est velu, il a l'air d'un ours ; il pèse au moins deux cents kilos et il est très méchant ; ça se voit à ses petits yeux de cochon enfoncés dans son lard.
Je reçois divers coups de tabouret dans les côtes. Rien de sérieux. Mais le gros, c'est sérieux. Il faut choisir.
Je me décide. Je redescends l'escalier. Feinte. Je me retourne brusquement, lance le sac par dessus le gros et je lui fonce entre les jambes au moment où il descend à son tour. Bon Dieu ... jamais je ne passerai. Ce gars a des cuisses comme des pattes d'éléphant. Hi ! je soulève... ça passe, c'est passé. Il dérouille. J'entends glapir, c'est Ted qui a du recevoir son ami sur le pied.
Ah ! me revoici au rez-de-chaussée. Ici, un petit ennui. Tout ce qui ressemble à une porte a l'air hermétiquement clos.
J'ai ramassé le sac à main. Voyons cette porte. Non ! il y a plus pressé. J'empoigne quelques chaises et je les expédie dans l'escalier, parce que j'ai idée que ça essaye de remonter par là. Tout se passe assez vite, il n'y a rien à dire. On n'a pas le temps de s'ennuyer.
Un lourd tabouret de chêne à la main, je cogne sur la serrure du dehors. c'est de la camelote. ça cède.
Mon crâne aussi. Je tombe dans les pommes.
Malyss et Sylire ont dédié un billet à Boris Vian.
Morgan nous présente un album qui réunit certains de ses textes : Le Déserteur
Kenza lui fait un petit clin d'œil également.
Petite Fleur présente J'irai cracher sur vos tombes.
Et Abeille nous présente l'Arrache-coeur