Kitchen - Banana Yoshimoto
Kitchen de Banana Yoshimoto
Titre original : Kitchen - [ Paru au Japon en 1988 ]
Traduit du japonais par Dominique Palmé et Kyôko Satô
Folio, Editions Gallimard, 1994 pour la traduction française, 180 pages
Quatrième de couverture : Que faire à vingt ans, après la mort d'une grand-mère, quand on se retrouve sans famille et qu'on aime les cuisines plus que tout au monde ? Se pelotonner contre le frigo, chercher dans son ronronnement un prélude au sommeil, un remède à la solitude.Cette vie semi-végétative de Mikage, l'héroïne de Kitchen, est un jour troublée par un garçon, Yûichi Tanabe, qui l'invite à partager l'appartement où il loge avec sa mère. Mikage s'installe donc en parasite chez les Tanabe : tombée instantanément amoureuse de leur magnifique cuisine, elle est aussi séduite par Eriko, la "mère" de Yûichi. Eriko, personnage ambigu et pour, transexuel à la beauté éblouissante, qui, traversant le récit comme un soleil éphémère, va bientôt mourir à son tour de mort violente ...
Banana Yoshimoto révèle dans Kitchen, à travers une sorte de "minimalisme flou", une sensibilité nourrie de paradoxes, une sensibilité dans laquelle toute une génération de jeunes Japonais s'est reconnue.
Mon avis : La quatrième de couverture est imprécise puisque Kitchen comprend en fait deux nouvelles. La première et la plus longue, Kitchen, est résumée en quatrième de couverture. C'est une nouvelle en deux parties. (120 pages en tout)
Dans la deuxième nouvelle, Moonlight Shadow (46 pages), Satsuki essaie de se remettre de la mort accidentelle de son petit ami, Hitoshi.
Les deux héroïnes sont très jeunes, âgées environ d'une vingtaine d'années. Alors que Mikage sombre dans un premier temps dans une sorte de léthargie végétative, avant de se passionner pour la cuisine, Satsuki se lance dans le jogging et fait tous les matins à l'aube une sorte de pèlerinage près d'un pont, où elle avait l'habitude de retrouver Hitoshi. La rivière s'écoulant sous ce pont, et le pont lui même semblent chargés de symboles.
Cette rivière, c'était la frontière entre Hitoshi et moi. Quand je pensais au pont, je revoyais aussitôt Hitoshi qui m'attendait à cet endroit. J'arrivais toujours en retard, il était toujours là. Et au retour, on se quittait toujours sur ce pont pour rentrer chacun chez soi. C'était là aussi que je l'avais vu pour la dernière fois.
Malgré le thème, ce roman n'est pas triste du tout. Il est rempli de délicatesse, de douceur et de poésie. Bien que 20 ans environ me séparent des héroïnes, je suis rentrée dans les histoires sans problèmes. La douceur, mais sans mièvrerie, des caractères masculins m'a frappée. Aussi bien Yûishi Tanabe que Hitoshi sont d'une extrême gentillesse.
Un dernier petit extrait du livre :
Je me suis habillée chaudement et je suis partie à bicyclette. C'était une journée enveloppée d'une lumière tiède, qui annonçait vraiment l'approche du printemps. Le vent qui venait de naître soufflait agréablement sur mes joues. Dans les rues, des feuilles vertes, encore enfantines, pointaient aux branches des arbres. Le bleu pâle du ciel, légèrement voilé, s'étendait à perte de vue.
Devant cette fraîcheur, j'ai senti à quel point tout était desséché en moi. La paysage du printemps n'arrivait pas à pénétrer dans mon cœur. Il voltigeait à la surface, s'y reflétant comme une bulle de savon. Les passants me croisaient d'un air heureux, la lumière jouait dans leurs cheveux. Toutes les choses respiraient, leur éclat s'intensifiait, nourri par les doux rayons du soleil. dans ce beau paysage débordant de vie, je regrettais les rues désolées de l'hiver, le lit à sec de la rivière à l'aube. J'aurais voulu me briser en morceaux et disparaître.
Ce livre m'a été offert par Loula dans le cadre du Wabi Sabi Swap. Je la remercie à nouveau. Elle m'a dit avoir lu ce livre plusieurs fois, et je pense que je le relirai aussi, car il m'a beaucoup touchée.
Je vous invite à découvrir les avis de : Allie Tiphanya ...
Avec Kitchen, Banana Yoshimoto, alors âgée de 23 ans, signait son premier roman.